Assises nationales du CNAEMO - Le Touquet

15/06/2022 - 17/06/2022

Le CNAEMO organise ses 42èmes assises nationale les 15,16 et 17 juin, au Touquet sur la thématique "Pour un réel pouvoir d'agir des personnes accompagnées, 20 ans après la loi 2002-2"

Retrouvez les thèmes des journées, les premiers intervenants, et les modalités d'inscriptions des Assises dans le pré-programme.

Au cours de l’histoire, le regard posé sur l’enfant, et la conception de la famille, ont été considérablement bouleversés : « d’adulte en réduction » qui n’avait pas le droit à la parole, le petit d’homme est désormais un sujet à part entière, objet de tous les désirs, attentions et projections de ses parents. Il est surtout devenu, à partir du milieu du XXème siècle, sujet de droits spécifiques et besoins fondamentaux auxquels la famille et la société ont l’obligation de répondre. Les concepts de protection de l’enfance, et d’intervention de la puissance publique dans la sphère très fermée de la famille se sont progressivement imposés. De nouvelles structures se sont créées, principalement associatives, religieuses ou caritatives chargées d’éduquer, de rééduquer, de redresser parents et enfants en décalage avec les attentes sociétales. Là encore, la considération portée aux familles et aux parents « dysfonctionnants » et les modalités de l’intervention publique ont suivi de multiples évolutions, oscillant souvent entre l’attention portée à l’enfant et le respect de leur place et de leurs compétences parentales. Globalement, la logique punitive et stigmatisante a fait place à des formes d’intervention plus axées sur la bienveillance. Aujourd’hui, institutions et travailleurs sociaux affichent l’ambition de porter un regard différent sur les familles, abandonnant peu à peu leur position de détenteur de savoir et/ou de commisération, pour adopter des postures d’aide, de soutien, d’accompagnement voire de co-construction. Nouveaux outils, nouvelles pratiques, nouvelles terminologies, nouvelles obligations légales, le travail auprès des familles a connu des évolutions structurelles passant du « faire à la place » au « faire avec » puis peut-être aujourd’hui au « guider vers… ». Parmi ces avancées majeures, la loi du 2 janvier 2002, a considérablement marqué et développé le « droit des usagers ». Le travail social cherche désormais à associer parents et enfants, au motif qu’ils sont légitimement les seuls vrais détenteurs de leur histoire, de leur vécu, de leurs expériences.

Mais, vingt ans après, la promesse et les ambitions affichées sont-elles tenues dans les faits ? Certes, les livrets d’accueil, les règlements de fonctionnement, les projets et chartes de toutes sortes ont été réalisés. Les documents individuels de prise en charge existent, de même que le recueil des avis des personnes accueillies. Le projet pour l’enfant, axé sur ces mêmes grands principes est venu compléter ce dispositif en 2007 puis en 2016. Tout cela a-t-il permis de mettre l’usager au centre des projets et de l’institution, de développer leur pouvoir d’agir et la prise en compte de leur parole ? On peut en douter : dans les services éducatifs, un certain essoufflement et des formes de résistance apparaissent clairement. Les documents censés garantir la qualité de nos prises en charge sont souvent faiblement investis. D’une manière générale, les familles ou leurs représentants restent finalement très rarement associés à la gouvernance de nos associations. L’usager, le parent, le citoyen et le contre-pouvoir qu’ils représentent ne sont pas toujours les bienvenus dans un secteur encore fortement marqué par le règne de l’entre soi. La protection de l’enfant est au carrefour de multiples tensions et intérêts divergents, qui rendent particulièrement difficile cet exercice de démocratie, dans les faits. Quant à la parole des enfants, insuffisamment entendue, elle peine encore à influer sur le système et les décisions qui les concernent. Alors, l’ambition portée par la loi du 2 janvier 2002 de la loi était-elle utopique ou ses outils mal adaptés, dépassés, insuffisants ? Plus fondamentalement, un texte de loi peut-il suffire à changer la relation dans le travail social ? Ou, au contraire, a-t-il vocation à être dépassé, dans un nouveau tournant de l’histoire de l’évolution des pratiques ? Les Assises 2022 du CNAEMO poseront clairement la question de notre capacité collective à relancer ce processus démocratique et à ouvrir des nouvelles perspectives novatrices, pour une protection de l’enfance juste.

Informations pratiques

Plus d'informations