COVID-19 : Présentation de la stratégie vaccinale par le Premier ministre et Olivier Véran devant l'Assemblée Nationale - 16/12/2020

Uriopss Hauts-de-France

Mercredi 16 décembre, Jean Castex et Olivier Véran ont présenté la stratégie vaccinale aux députés.

Le Premier ministre a rappelé la mise en place d’un cadre de dialogue pérenne sur la crise, avec un comité permanent installé le 7 décembre, composé des présidents de chacune des assemblées et des présidents des groupes parlementaires.

Avec le ciblage des publics, l’objectif est de réduire la mortalité et de prévenir les hospitalisations, en particulier les admissions en soins intensifs et en réanimation, avec à terme, un fonctionnement normal retrouvé du pays.

Jean Castex a rappelé la première étape de la sécurisation de l’approvisionnement en vaccins. La France a ainsi pris l’initiative d’une task force européenne, qui a permis d’aboutir à des prix attractifs et identiques, des garanties sur la transparence des données, et la livraison au même moment des vaccins à tous les pays de l’Union européenne.

« Nous serons livrés au fur et à mesure des autorisations de mise sur le marché ». Les vaccins Pfizer et Moderna sont les plus avancés. Les autres vaccins se situent en phase 3.

Deuxième étape : définition de la stratégie vaccinale et des publics prioritaires. La ligne est celle fixée par une autorité indépendante : la Haute Autorité de Santé (avis de fin novembre). La première phase concerne 1 million de personnes. L’autorisation de mise par le marché par l’Agence européenne du médicament est attendue lundi 21 décembre. Dans la foulée, la HAS donnera son avis sur les conditions d’utilisation du vaccin. Les premières vaccinations pourraient ainsi être réalisées dès la dernière semaine de décembre. Une première phase de 6 à 8 semaines est nécessaire pour tenir du compte de la première vaccination et du rappel.

Ensuite, l’élargissement au fur et à mesure des livraisons, visera en premier lieu les personnes présentant un facteur de risque du fait de leur âge ou d’une pathologie chronique (14 millions de personnes). Elle concerne principalement les personnes vivant à leur domicile. Un autre parcours vaccinal sera mis en place qui mobilisera l’ensemble des professionnels de santé, en s’appuyant sur les relations avec les médecins traitants.

À la fin du printemps, la vaccination sera ouverte à l’ensemble de la population.

Un avis du Conseil Consultatif National d’Ethique devrait être publié très prochainement. Un conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale sera placé auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, présidé par Alain Fisher. LE CESE est saisi également. 3 instances permanentes sont mises en place : collectivités territoriales, professionnels de santé et scientifiques, informés en continu des décisions, de manière à pouvoir faire des préconisations et alertes.

Le Premier ministre a annoncé le recrutement de 4 000 personnes supplémentaires par l’Assurance maladie sur le contact tracing. La concertation du comité permanent a écarté tout dispositif coercitif et privilégié l’accompagnement humain pour le respect de l’isolement. 1 500 infirmiers libéraux et 3 000 travailleurs sociaux seront mobilisés début janvier sur ce dispositif d’accompagnement des personnes qui doivent s’isoler. Les parlementaires ont adopté un amendement au projet de loi de finances permettant la levée du délai de carence pour toutes les personnes devant s’isoler.

Olivier Véran a répondu aux craintes soulevées par le vaccin ; il est revenu sur la priorisation des publics de façon plus détaillée et sur les étapes des prochains jours :

  • L’Agence européenne du médicament devrait rendre son avis le 21 décembre ; la Commission européenne pourrait valider l’utilisation du vaccin en Europe le 23 décembre ;
  • La commission technique des vaccinations de la HAS pourrait donner son avis le 24 décembre – ou alors les 26, 27 ou 28 décembre. La HAS va ainsi préciser dans quels cas ce vaccin sera indiqué ou contre-indiqué au plan individuel, en fonction des données scientifiques qui lui sont propres ;
  • Premières vaccinations, avant la fin de l’année 2020, dans les derniers jours de décembre.

Il a insisté sur le suivi de la vaccination : le dispositif de pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des suivis de cohortes complémentaires par l’INSERM et Santé Publique France.

Il a précisé le défi logistique du premier vaccin Pfizer/Biontech : celui-ci doit être stocké à moins 80 degrés, puis être administré dans les cinq jours suivant sa décongélation (préservé entre 2 et 8 degrés), et il ne doit pas être transporté plus de 12 heures entre la décongélation et l’injection, pour des questions de fragilité technique. Il doit être livré à plus de 10 000 établissements pour personnes âgées.

Il a insisté sur la méthode et la concertation, indiquant avoir réalisé une visioconférence avec près de 20 000 professionnels de santé. Outre le comité des élus (collectivités territoriales) réuni par Olivier Véran, seront créées, au niveau local, des cellules territoriales de suivi de la vaccination, associant les services de l’État, les collectivités territoriales et les professionnels de santé.

Olivier Véran a présenté le 17 décembre la stratégie au Sénat.