Colloque International et Scientifique 2020 "Regard croisé sur la petite enfance : Quelle éducation pour demain ?"

05/02/2020 - 07/02/2020

Le CRFPE (Centre Régional de Formation des Professionnels de l’Enfance) organise le Colloque International et Scientifique 2020 « Regard croisé sur la petite enfance : Quelle éducation pour demain ? », qui aura lieu à Lille, le 5, 6 et 7 Février 2020.

Le champ de la petite enfance n’échappe pas, comme tout le secteur social, à de profondes mutations. L’évolution de la place et du rôle des femmes et des hommes, ainsi que le regard porté à l’enfant n’en sont que quelques exemples. De plus, la portée de ces transformations concerne tout autant la compréhension et la définition de l’enfant en tant que tel, que les objectifs ou modalités de son accueil et de son éducation.

Malgré la diversité des contextes sociaux, « le bien-être » (GALTIER, 2011) de l’enfant et la « conciliation de la vie personnelle et professionnelle », demeurent au centre des préoccupations.

Au cours des derniers siècles, le regard porté sur le développement de l’enfant a été fondamentalement remis en question : « Pendant longtemps, nous nous sommes représenté l’enfant comme un être en devenir, et l’enfance comme la période pendant laquelle celui-ci allait acquérir tout ce qui lui manquait pour devenir un adulte. Nous avions donc une conception du cerveau de l’enfant comme un sac vide qu’il fallait remplir. Cette idée est totalement remise en question aujourd’hui. L’enfant possède des compétences pour apprendre et comprendre le monde, grâce auxquelles il pourra développer son intelligence tout au long de sa vie. » (SERRES, 2018).

À partir de ce constat, comment se représente-t-on l’enfant en 2020 ? Quels enjeux sont associés à cette période de vie ? Comment les besoins de l’enfant sont-ils pris en compte ? Comment ces mutations s’intègrent-elles dans les pratiques professionnelles et dans la formation des futurs professionnels ?  En France et dans le monde ?

Des nouvelles connaissances sur l’enfant ?

Les neurosciences et les découvertes des nouvelles compétences des bébés viennent profondément modifier les repères éducatifs et la conception même de l’enfant dans ce qu’il est, ce qu’il sait ou ce qu’il peut mobiliser.

Les conceptions théoriques et pratiques actuelles du développement de l’être humain le mettent pleinement en interaction avec son environnement (au sens large du terme) et soulignent « que notre environnement semble susceptible de pouvoir influencer l’expression de notre génome, c’est-à-dire de pouvoir activer ou au contraire inhiber l’activité de certains gènes ou de certaines parties de nos chromosomes » (GOLSE, 2016).

La notion de stades de développement laisse place à une vision moins linéaire et le développement ne va plus systématiquement du concret à l’abstrait. « Les sphères du développement du petit enfant, physique, cognitif, affectif, social, émotionnel sont inséparables. Chaque sphère de son développement interagit sur les autres selon une dynamique en spirale entre affectivité et acquisitions, entre éducation et soin, entre corps et cognition, entre socialité et construction du soi ». (GIAMPINO, 2016)  

A la rencontre de ces éléments, les variabilités interindividuelles sont devenues une caractéristique fondamentale dans l’approche de l’enfant, celui-ci se construit dans l’interaction entre développement et apprentissages, tout en agissant sur son environnement.

Le monde a changé et les enfants aussi ?  

La sociologie de l’enfance a montré que l’enfant ne peut plus être considéré comme un simple « être en devenir », une étape vers l’âge adulte. L’enfance est reconnue comme étant une « période porteuse d’une culture » (DELALANDE, 2001) à part entière dont font partie « les savoirs et pratiques culturelles propres aux enfants, produits par eux et pour eux » (ARLEO & DELALANDE, 2010). La culture enfantine devient un espace d’études et résulte autant qu’elle légitime une reconnaissance de cette période de la vie.

En somme, l’enfant a changé de statut. On reconnait son expérience, les épreuves qu’il traverse (F. DUBET, 1994). L’enfant est reconnu comme partie prenante dans la création d’une culture mais aussi comme champ d’investissement pour le développement de la société tout entière.

La petite enfance est ainsi identifiée comme un espace de construction sociale, voire de reconstruction avec notamment l’idée d’un investissement social en petite enfance.  « Les stratégies d’investissement social visent à favoriser l’émergence et le développement des capacités (compétences professionnelles, sociales, etc…) de chaque individu tout au long de sa vie, mais aussi leur mobilisation effective.[Ce qui ] exige donc des politiques sociales en matière d’accueil collectif pour la petite enfance… » (GILLIOTTE, 2017) et que l’on a pu observer dans la stratégie gouvernementale de prévention et de lutte contre la pauvreté ou les missions des EAJE décrites dans le décret du 7 juin 2010 relatif aux établissement et services d’accueil des enfants de moins de six ans.

En filigrane de ces découvertes, apports et conceptions, l’image d’un bébé « savant, sachant, acteur, chercheur » semble de plus en plus présente et renvoie à la question de l’« adultification », paradoxe de la reconnaissance de l’« enfance » et de sa spécificité. 

Quelles sont les conséquences de ces tendances pour l’accueil et l’accompagnement de la petite enfance ?

Ce colloque sera l’occasion d’échanger et de mettre en débat les découvertes majeures sur l’enfant, son développement, ses compétences et ses besoins, dans une démarche d’élaboration et de réflexion nourrie par le croisement des apports d’ici et d’ailleurs...

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